Depuis des semaines nous sommes nombreux-ses à nous demander pourquoi l'Espagne (et l'UE à sa suite) refuse tout dialogue et toute médiation pour trouver une issue à la crise espagnole. Il est particulièrement inquiétant, en regard de l'histoire récente, d'entendre les invectives des politiciens du gouvernement espagnol et des journalistes européens face au pacifisme catalan.
Pourquoi tant de blocages ?
Quelle issue pacifique et démocratique possible ?
ci-dessous des éléments de réponse grâce aux quelques médias qui nous éclairent,
et aux députés européens qui s'impliquent !
Soirée débat, Naomi Klein and Ada Colau : “Facing the politics of confusion and fear" (youtube, 2h) pas en français, dommage !
Acto con Naomi Klein y Ada Colau "Hacer frente a las políticas de la confusión y el miedo" (castellano / en Catalan)
Pour la libération des prisonniers politiques et la reprise d’un véritable processus démocratique en Catalogne (Europe Ecologie.eu - 8 nov.)
Catalogne : Le retour des prisonniers politiques en Europe - Politis -
Carles Puigdemont accable Madrid. Le président du gouvernement catalan destitué a fui pour la Belgique car il craignait un complot organisé par l'Espagne. (Tribune de Genève - 7 nov)
Derrière la bataille de la Catalogne, le désir d’une démocratie proche du terrain (Reporterre - 4 nov.)... Après la chute de la dictature, la nouvelle constitution de 1978 offrit à la province une large autonomie ; son propre parlement et son gouvernement, un renouveau de sa langue et un drapeau national. Mais en 2010, le Parti populaire annula des pans entiers de cette autonomie, refusant notamment que le catalan soit la langue des administrations. La réaction fut immédiate ; des milliers de personnes protestèrent dans les rues de Barcelone le 10 juillet 2010... Au-delà de la question de l’indépendance se joue en Espagne un combat plus universel : celui du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes... L’une des options qui pourraient être envisagées est celle du municipalisme. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Ada Colau, Barcelone est à l’avant-garde de ce mouvement, qui vise à donner plus de pouvoir aux métropoles.
Catalogne: Défendre l’État de droit dans l’Union européenne (blogs Mediapart - 3 nov.) Dans une lettre ouverte au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et au président du Conseil européen Donald Tusk, plus de 190 universitaires, politiques, intellectuels et élus européens et américains s'inquiètent de la situation politique et du laisser-faire européen, face à « la façon dont les autorités espagnoles ont répondu aux demandes d’indépendance exprimées par une partie significative de la population de Catalogne », qui constitue selon eux « une violation de l’État de droit »...
Catalogne : José Bové s'en prend à Mariano Rajoy qui "reste verrouillé sur ses positions" et à l'UE qui doit "se mouiller". Le député européen José Bové s'est dit choqué par le placement en détention provisoire, jeudi, de huit membres du gouvernement catalan destitué après le référendum d'autodétermination. (FranceTVinfos)
Crise politique : Catalogne : comment en est-on arrivé là ? - Stéphane Ortega (Bastamag - 2 nov.)... Autisme et répression : la constance du Partido Popular, héritier du franquisme. L’unité de l’Espagne fait partie de l’ADN du parti libéral-conservateur. Arc-bouté sur la défense de la Constitution de 1978, issue d’un compromis après la mort de Franco, le Partido Popular (PP) a accueilli en son sein une partie des anciens partisans du dictateur. L’Espagne n’a connu ni épuration, ni poursuite des tortionnaires, ni remise en question d’une monarchie installée par Franco en 1969 (lire ici). La crispation sur les nationalités plonge ses racines dans l’histoire espagnole, notamment celle ayant conduit à la guerre civile (1936-1939), qui se conclut par la victoire du franquisme...
L’Union européenne fait bloc derrière Mariano Rajoy et aucune chancellerie dans le monde n’a reconnu le nouvel État...
Le scénario d’une Catalogne sans majorité stable est donc envisageable. Catalunya en Comú, la formation d’Ada Colau, la maire de Barcelone, jusqu’ici soutenue par Podemos et créditée d’un score entre 11 à 12 % pourrait se retrouver en position d’arbitre pour constituer une majorité. À l’inverse, si les indépendantistes gagnent en décembre, seuls ou avec des alliés favorables à un référendum, le PP au pouvoir à Madrid risque une fois de plus d’invoquer la Constitution de 1978. Il en résulterait la même situation de blocage qu’aujourd’hui. A l’inverse, s’ils perdent, la question des autonomies et de l’indépendance ne seront pas pour autant résolues et chercheront d’autres voies.
Catalogne. Le Chemin sera long – Jean Ortiz (L'Humanité)... La mise sous tutelle ramène la Catalogne au bon vieux temps des vice-royautés...
Catalogne. Le front indépendantiste dans la panade (L'Humanité)... l’ex-dirigeant de la Generalitat réclame surtout que Mariano Rajoy s’engage, comme il le fait lui, à reconnaître le verdict des urnes le 21 décembre prochain...
Espagne. L’omniprésente vice-présidente (L'Humanité) Soraya Saenz de Santamaria est désormais en charge de la Catalogne après la dissolution de ses institutions. Retour sur le parcours de cette femme de droite.
La voie du peuple, seule issue face à la crise en Espagne (L'Humanité - 31 oct.)
Du champagne au vinaigre en Catalogne (L'Humanité - 30 oct.)... Le représentant permanent de la Catalogne auprès de l’Union européenne et le délégué de la Generalitat à Madrid sont l’un et l’autre éjectés, toutes les délégations diplomatiques de la Catalogne existantes, en France, au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Autriche, en Italie, au Maroc, au Portugal, au Danemark, en Pologne, en Croatie et au Vatican, sont supprimées. Et il en va de même pour le département chargé de « la transition nationale » comme pour la plus récente commission « sur la violation des droits fondamentaux lors du référendum », qui avait pour mission de surveiller le pouvoir judiciaire espagnol à la suite des multiples plaintes pour violences policières le 1er octobre... Désolation sur la Catalogne et toute l’Espagne. Rien n’aura enrayé la mécanique dévastatrice de la division, toujours plus profonde, entre les uns et les autres, de la polarisation à l’intérieur des sociétés catalane et espagnole... Les indépendantistes vont, comme l’a laissé entendre hier Oriol Junqueras, le vice-président de la Generalitat et dirigeant du parti de centre gauche ERC, tenter de fédérer plus largement autour d’eux.
Vraies questions catalanes, fausse réponse espagnole (Alternatives économiques et the conversation.com) La crise catalane est l’expression d’un malaise espagnol profond que le vieux système de partis hérité de la transition démocratique ne sait pas gérer... Comme tous les Espagnols, les Catalans ont mesuré, une fois encore, l’incapacité de l’État à les protéger. On mesure mal, en France, l’impact extraordinairement fort de la longue crise économique essuyée par le pays pendant sept ans. L’État social espagnol, traditionnellement faible, n’a protégé ni des saisies, ni du chômage, ni de l’inégalité croissante devant la santé. Dans ces conditions, les Espagnols ont pu compter, comme à l’accoutumée, sur les solidarités communautaires qui structurent puissamment la société civile : solidarité familiales d’abord, professionnelles et villageoises ensuite, régionales enfin... Face à l’épuisement des partis traditionnels pris entre corruption massive et clientélisme, la société espagnole a choisi le renouveau. De nouveaux partis ont surgi à Madrid (Podemos puis Podem dans sa version catalane), et à Barcelone (Ciutadans, puis Ciudadanos dans sa version madrilène). Le 15M, le mouvement des indignés de 2011, a bien failli renverser un système politique usé mais figé depuis 2012. Aujourd’hui, le Parti populaire aidé par un PSOE (socialiste) devenu un parti succursaliste andalou défend haut et fort les valeurs de la légalité du cadre constitutionnel de 1978. Mais ils sont tous deux incapables de canaliser la volonté de renouveau démocratique qui s’exprime en Espagne, comme partout ailleurs en Europe...
le storytelling transitionnel s’est fracassé en 2000 lorsque les Espagnols découvrirent, abasourdis, que la répression franquiste avait exécuté 160 000 personnes qui gisent encore aujourd’hui dans près de 10 000 fosses communes, dont moins de 300 ont été ouvertes. Cette découverte, qui institua définitivement des victimes et des bourreaux, renouvela la fierté d’avoir été de ceux qui avaient défendu la démocratie contre le fascisme...
En Catalogne, seule région où le républicanisme a pris une forme partisane organisée et stable, on conteste de front un régime devenu honni et l’on rêve de confédéralisme hispanique, voire ibérique (puisque le Portugal est une république)... Mais il faudra bien, un jour, proposer un vrai projet politique alternatif aux Espagnols qui méritent bien autre chose et bien mieux qu’un discours pétri de légalité et de peur. Aux questions posées par les catalanistes – et par tant d’autres Espagnols ! –, l’Espagne devra bien répondre.
La crise catalane fissure la gauche espagnole (Politis) La déclaration d’indépendance du Parlement catalan débouche sur des élections régionales anticipées prévues en décembre dans un paysage politique en totale recomposition.
Le casse-tête catalan (Politis) Prise au dépourvue par l’impasse de la crise catalane, l’Union européenne a pris le parti de Madrid, incapable d’envisager la création d’un nouvel État en son sein ni même d’organiser une médiation.
La crise catalane est née à Madrid (Monde Diplomatique)... la crise catalane constitue une forme de territorialisation de conflits nés ailleurs.. Depuis la mise en œuvre de politiques d’austérité draconiennes en 2011, l’Espagne connaît une période d’instabilité qui se traduit par des crises de plus en plus graves : mouvement d’occupation des places dit « du 15-M » en 2011 (1) ; crise de la représentation parlementaire en 2015 et 2016 (conduisant à trois cent quinze jours sans gouvernement, les affaires courantes restant expédiées par un conseil des ministres sortant) ; défi sécessionniste catalan. Le problème sous-jacent à ces trois crises ? Les principes d’une Constitution conçue comme le point de départ d’une transition entre le franquisme et la démocratie, mais qui a fini par entraver le processus qu’elle devait rendre possible... Après la mort du dictateur, l’Espagne s’est ouverte au pluralisme politique et syndical, mais elle n’a pas fondamentalement changé la définition de leur fonction. Les citoyens votent pour une formation qui choisit ensuite ses députés sur une liste close, à proportion du score général obtenu. Et ces derniers n’effectuent pas de permanences dans leurs circonscriptions… Les révélations liées à l’« affaire Gürtel » — 43 millions d’euros détournés au profit du Parti populaire (PP) — s’accumulent, presque quotidiennement, dans la presse depuis plusieurs années. Il ne s’agit pourtant que de l’un des innombrables scandales liés à une corruption devenue systémique. En 2014, la branche espagnole de l’organisation Transparency International avait demandé que soient « débloquées les listes fermées des partis » et que ces derniers « publient leurs comptes de campagne dans les trois mois suivant les élections » (3). Un appel resté lettre morte..
Catalogne : Paris et ses voisins européens font fausse route - L'histoire prouve que ces déclarations de rejet de l’indépendantisme résistent rarement aux réalités politiques ! (Nouvel Obs)
Catalogne. Joie populaire et nuages noirs (Jean Ortiz - L'Humanité) Il y a cinq ans que la vague indépendantiste montait, aiguisée par la crise, que se multipliaient les manifestations géantes, bref, que le problème était sur la table, sans que Madrid n’ait proposé une quelconque négociation.
Catalogne : ce que la crise nous apprend sur l’indépendantisme, l’État espagnol et la construction européenne (Solidaire.org) La crise entre les dirigeants espagnols et catalans ne s’apaise pas. Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, refuse tout dialogue et menace de prendre le contrôle direct sur la région. Les dirigeants européens soutiennent tacitement la répression.
Catalogne, les franquistes toujours là (L'Humanité - 1er oct.) ... il est impossible de comprendre les événements en Catalogne si on ne fait pas un retour en arrière dans l’Histoire contemporaine de l’Espagne. Avec en toile de fond la dite « guerre civile » qui fut, faut-il le rappeler, un soulèvement militaire soutenu par Hitler et Mussolini contre un gouvernement légalement élu, abandonné par les « démocraties » de France et d’ailleurs. Ce gouvernement républicain présentait une tare indélébile : il s’attaquait aux intérêts des classes privilégiés et s’intéressait aux particularités régionales.
Plus de 45 milliards d’€ de corruption annuelle : Rajoy est à la tête du parti politique le plus corrompu d’Europe (La semaine du Roussillon - sept. 2017)