Trois militants « solidaires » des migrants placés en détention (Reporterre)
Mardi 24 avril, le tribunal de Gap a prononcé la détention provisoire de deux Suisses et d’une Italienne. Ils ont participé dimanche à la manifestation en réponse à l’action anti-migrants d’un groupe d’extrême droite. Ils sont poursuivis pour « aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière et en bande organisée ». Le groupe d’extrême droite n’a pas été, quant à lui, inquiété. C’est la première fois qu’en France, des « délinquants solidaires », comme disent les associations d’aide aux migrants, vont en prison.
Partie du village italien de Clavière, à deux kilomètres de la frontière, cette manifestation du dimanche 22 avril avait rassemblé cent soixante personnes, en majorité des Italiens et des Français. Elle a permis l’entrée en France de trente à quarante migrants, « qui étaient bloqués à Clavière depuis plusieurs jours ». Elle s’était « improvisée le matin même, en réaction à la présence des Identitaires »...
En réponse aux Identitaires, les manifestants déterminés et pacifiques entouraient les migrants pour les protéger des forces de l’ordre. Ils ont franchi la frontière en marchant sur les pistes de ski encore enneigées, le long de la route qui relie Turin à Briançon. Puis, sur la route, ils ont passé un cordon d’une vingtaine de gendarmes dans une grande bousculade, avant de continuer sur les onze kilomètres qui descendent à Briançon.
Dans la soirée, alors que « la manifestation était dispersée », Théo et Eleonora ont été arrêtés dans la rue, sur la base, semble-t-il, de photos prises par la police attestant de leur présence avant et après le passage de la frontière. Ils ont été placés en garde à vue, qui a été prolongée jusqu’à la comparution immédiate, tenue à Gap mardi 24 avril.
Les trois jeunes gens, âgés de 23 à 26 ans, sont poursuivis pour « aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire national et en bande organisée ». Ils encourent une peine allant jusqu’à 10 ans de prison et 750.000 euros d’amende avec une interdiction de pénétrer sur le territoire français...
Pour les avocats, comme pour les personnes solidaires présentes à l’audience, la décision fait l’effet d’un « choc ». Théo et Bastien sont transférés à la maison d’arrêt de Gap. Eleonora a rejoint le quartier des femmes de la prison des Baumettes, à Marseille. Jeudi 26 avril, les deux Helvètes ont été transférés également aux Baumettes, « pour des raisons de sécurité »....
Ce week-end :
Le sujet va s’inviter au « rassemblement pour l’hospitalité » organisé par une vingtaine d’associations d’aide aux migrants à Gap ces vendredi 27 et samedi 28 avril. La situation est sous tension dans les Hautes-Alpes. Le renforcement des forces de l’ordre et du contrôle de la frontière annoncée dimanche soir par le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, sont appliqués. Ce jeudi, les identitaires poursuivaient encore leur « opération de contrôle », cette fois-ci au col du Montgenèvre. À Genève, les partis de gauche, syndicats et organisations antiracistes dénoncent dans un communiqué, « un acte de zèle parfaitement déplacé de la justice française, qui criminalise les actions de solidarité et la lutte pour le respect des droits des migrant·e·s ». Contacté, le département fédéral suisse des Affaires étrangères n’a pas souhaité s’exprimer.
Vallée de la Haute Durance : Trois potes en prison (La Horde) ...
suite à la répression qui a suivi la manifestation de dimanche, de Clavière à Briançon, alors que Defend Europe pavanait...
Un cap est clairement franchi en matière répressive est c’est insupportable.
Encore plus insupportable lorsque l’on entend le procureur parler des individus de génération identitaire comme « pacifistes ». Rappelons qu’ils avaient affrété un bateau l’an passé pour empêcher l’assistance des secouristes en méditerranée, et que là ils s’improvisent police aux frontières avec de gros moyens, qu’ils ont saccagé une partie de la montagne, qu’ils incitent la mise en danger de personnes, et que l’état choisit de ne pas les poursuivre…
Nous constatons sans surprises que police, justice et état veulent prendre ces 3 personnes en exemple et stopper la solidarité.
Gérard Collomb, plus proche des identitaires que des humanitaires (Politis)
Des militant·e·s Genevois incarcérés pour délit de solidarité... Cette procédure ultra-répressive est révoltante.
il n’y a aucune raison valable pour maintenir en détention des personnes accusées d’un acte de solidarité revendiqué : les accusé·e·s ne présentent aucun danger pour la société. Il s’agit donc d’un acte de zèle parfaitement déplacé de la justice française, qui criminalise les actions de solidarité et la lutte pour le respect des droits des migrant·e·s. Génération identitaire ne s’y est d’ailleurs pas trompé et a crié victoire face à la réaction des autorités françaises.
Nous dénonçons cette répression à l’encontre des militant·e·s et les politiques de criminalisation de la migration. Nous demandons l’abandon des procédures à l’encontre des militant·e·s et à défaut leur mise en liberté immédiate jusqu’à la date de l’audience.
Communiqué de : Ensemble à Gauche, Parti Socialiste genevois, Les Verts genevois, Stopexclusion, UNIA Genève, SIT, SSP Genève, solidaritéS, Jeunes Vert·e·s Genève, solidaritéS-Jeunes (lire sur Solidarité.ch)
Libération immédiate des citoyen-ne-s solidaires ! (ensemble - fdg.org)
Dans les Alpes, la solidarité avec les migrants l’a emporté sur la xénophobie (Reporterre)